Sandrine Soubeyrand : “On a vu un Paris FC a deux visages”
Après l’annonce de l’arrêt définitif de la D1 Arkema, Sandrine Soubeyrand est revenue pour Parisfc.fr sur la saison 2019-2020 de ses joueuses. Elle note notamment des améliorations dans le jeu mais des difficultés contre des équipes prétendues plus faibles. Interview.
Il y a quelques semaines, la FFF a statué la fin définitive du championnat de D1 Arkema. Est-ce une décision juste ?
Je n’avais pas forcément envie que ça reprenne dans des conditions incertaines, ce qui aurait sûrement mis les clubs en difficulté. Il n’y avait pas beaucoup d’intérêt à reprendre si ce n’est pour avoir un classement définitif. Au départ, on envisage pas que l’arrêt soit définitif, mais après trois semaines de confinement, il n’y avait plus aucune chance que le championnat reprenne. C’est toujours un peu difficile car quand on commence un championnat, on a bien évidemment envie de le finir. Au moins, la situation est close. Il faut maintenant essayer de se projeter et réfléchir à la saison prochaine.
Ta carrière de footballeuse n’est pas si loin. En te mettant à leur place, ça doit être très compliqué pour les joueuses cet arrêt brutal…
Quand on est joueuse ou joueur, on a besoin d’objectifs, de challenges… En l’occurrence, là, il n’y en avait aucun, si ce n’est les séances que l’on pouvait proposer avec le staff. Le plus compliqué pour les joueuses et les joueurs c’est que du jour au lendemain, ils n’ont plus rien pour se projeter professionnellement parlant. Le travail au quotidien d’un sportif est surtout basé sur l’amélioration. Là, nous étions plutôt sur de l’entretien de la qualité. Il fallait essayer de rester prêt pour une éventuelle reprise.
Le Paris FC a terminé cinquième de D1 Arkema. Quel bilan dresses-tu de cette saison ?
On a vu un Paris FC a deux visages cette saison. Capable de performer contre des grosses écuries et capable de perdre des points assez bêtement contre des équipes supposées à notre niveau ou plus faibles. Avant d’enchaîner Lyon, le PSG et Montpellier lors de la phase aller, on aurait dû enchaîner les bons résultats et ne pas perdre de points en route contre Metz ou Soyaux par exemple. C’est dans ces moments-là que nous avons perdu un peu confiance. Ce qui me déçoit le plus, c’est de voir l’écart de points que nous avons avec Bordeaux et Montpellier (13 et 6 points, ndlr). On est à mon sens un peu trop éloigné.
“Nous nous sommes améliorées contre les grosses équipes”
Quelles sont les raisons de cet éloignement comptable ?
Il y en a plusieurs. Nous n’avons pas assez marqué. 21 buts pour une équipe qui prétend jouer le Top 5, c’est trop peu. Bordeaux en a inscrit 36, Montpellier 39… Cela fait la différence entre ces équipes et le Paris FC pour le moment. On a aussi encaissé trop de buts. 26 buts encaissés en 16 journées, c’est beaucoup trop. Le tout combiné fait que nous avons manqué beaucoup d’efficacité offensive et nous n’avons pas été assez solide défensivement. A côté de cela, nous avons essayé de créer du jeu mais il faut marquer plus de buts.
Passée la déception, il y a eu quand même de belles performances cette saison…
Oui, c’est vrai. Nous nous sommes améliorées contre les grosses écuries. On a su se montrer dangereuses contre Lyon, contre le PSG. Et, il y a aussi eu cette belle victoire sur le terrain de Montpellier, ce n’est pas anodin. Je suis déçue du manque de points au classement mais au point de vue de l’engagement, de l’état d’esprit, c’est une vraie satisfaction. Nous avons proposé des choses, nous n’avons jamais refusé le jeu. Ça a mis du temps à se mettre en place, certes, mais il y a eu de nombreux changements l’été dernier. J’avais pris le parti de recommencer une nouvelle saison avec les filles que je souhaitais garder. Le groupe va continuer à progresser. Sur l’ensemble de la saison, je ne suis pas insatisfaite.
Comment expliquer alors les déconvenues contre des équipes supposées plus faibles ?
Nous avons toujours eu du mal contre des blocs bas. Il est souvent difficile de créer le jeu. J’ai un effectif qui est encore jeune et il y a du travail concernant cet aspect du jeu. Encore cette saison, nous avons des filles qui ont découvert la D1. Je ne me fais pas de soucis, nous allons continuer de travailler et les résultats viendront contre ces adversaires.
Comment vont se passer les prochaines semaines pour toi ?
Je continue de réfléchir et de construire des programmes d’entraînements pour le retour des filles sur les terrains. Même si ce n’est pas pour tout de suite… Donc, avec mon staff, nous clôturons la saison qui vient de s’achever, et nous démarrons la prochaine qui arrive. Nous travaillons également étroitement avec la cellule de recrutement, qui vient d’être mise en place au Paris FC, pour trouver des profils de joueuses qui pourraient nous amener un plus sur le terrain. On reste pas mal dans l’expectative. Va t-on reprendre collectivement ? Va t-on partir sur des entraînements en groupes restreints ? C’est un peu toutes ces questions qui trottent dans ma tête actuellement. En fait, tout ce qui était banal avant est devenu la préoccupation numéro 1. Il faudra être serein, s’adapter à une nouvelle façon de travailler, peut-être sur le long terme… Nous verrons bien.