Gaëtane Thiney : “Le plus dur est de voir les gens en souffrance”
Confinée dans l’Aube, proche des siens, Gaëtane Thiney a répondu à notre appel ce vendredi matin pour donner de ses nouvelles.
Gaëtane, comment vas-tu ?
Je vais bien merci. Physiquement, mentalement, tout va bien. Je suis bien évidemment dans l’incertitude concernant l’évolution sanitaire du pays, mais mes conditions de confinement sont très bonnes. Maintenant, j’espère tous les jours que la situation s’améliore…
Où es-tu confinée ?
J’ai pu partir de la région parisienne pour me rendre près des miens. Je suis allée m’installer dans ma maison de campagne à 5 kilomètres de chez mes parents. C’était la maison de ma grand-mère qui avait été vendue il y a 20 ans. Elle a été remise en vente il y a deux ans et je l’ai rachetée. Dans cette période, je me dis que c’était une très bonne idée de faire cette acquisition.
A quoi ressemblent tes journées ?
J’ai quelques réunions avec la FFF. Du coup, le matin, je travaille pas mal. Je fais deux heures de sport par jour. Sinon, à côté de ça, je cuisine, je fais du jardinage. J’ai semé du gazon pour la première fois ! Je découvre pleins de choses grâce à des tutos sur internet. Je discute aussi avec ma voisine de 80 ans à travers le grillage de nos jardins. Mes journées sont bien occupées. J’ai de la chance d’être où je suis pendant le confinement.
Cette situation doit te changer de ta vie parisienne très rythmée…
Oui, c’est une période où l’on peut se poser. Au delà de l’aspect professionnel et sportif, la vie parisienne est très énergivore. Le fait d’être à la campagne permet de vivre sur un rythme moins soutenu. Je reprends de l’énergie. Cependant, comme tout le monde, j’ai envie que la vie reprenne son court. Je ne suis pas non plus ravie pendant cette période. On traverse une crise dramatique. Mais si on me le demande, j’ai la chance de vivre le confinement dans le confort et dans de bonnes conditions. Je ne me plains pas et je croise les doigts pour que mes proches aillent bien et que la situation s’améliore.
Quel est l’aspect le plus compliqué à gérer ? L’aspect mental ou l’aspect physique ?
Il y a eu plusieurs phases. Pendant la première partie du confinement, j’étais un peu anxieuse, surtout concernant la situation sanitaire. J’avais peur pour ma famille, pour mes proches, mais aussi pour le pays en règle générale… De ce fait, le football est passé très rapidement au second plan. On se demande quand est-ce que l’on va arriver au bout de tout ça. C’était comme une survie collective qui s’installait. Ensuite, je me suis refixée des objectifs liés au football avec notamment le programme athlétique du préparateur physique. C’est une période pendant laquelle on peut charger un peu plus les séances physiques. Durant l’année on est dans l’obligation d’alterner les charges en vue des compétitions. En ce moment, on peut se permettre d’être plus fatiguée après une séance.
“La reprise rapide d’une compétition est un risque important”
En 20 ans de carrière de footballeuse de haut niveau, c’est la situation la plus compliquée à laquelle tu as dû faire fasse ?
Oui, mais encore une fois, je tiens à préciser que le sport passe vraiment au second plan. Je pense que c’est compliqué pour tout le monde. Ce qui est le plus dur c’est de voir les gens en souffrance, les gens tristes… Après si je parle en tant que sportive, c’est la première fois que je m’arrête aussi longtemps. Même si je cours tous les jours, ça ne remplace pas le terrain, les entraînements collectifs. Mais il faut faire avec ce que l’on a au jour d’aujourd’hui.
Comment vois-tu la suite ?
Nous sommes dans un pays intelligent, organisé. Il y a des personnes responsables. Je fais confiance. L’intégrité physique et mentale des joueuses sera à prendre en compte. En tant que joueuse bien évidemment, j’ai envie de retrouver les filles, m’entraîner… De là à reprendre la compétition, je ne pense pas. Il faudra reprendre progressivement et surtout suivre les indications du gouvernement. Si la distanciation sociale fait partie des critères majeures, ça me paraît compliqué de jouer au football. Donc, je considère que la reprise rapide d’une compétition est un risque important.
As-tu un petit message à adresser aux supporters du Paris FC qui te liront ?
Il faut vous montrer patients. Continuez à nous soutenir. Le football ne s’arrête pas, il est juste mis entre parenthèses. Quand on aime, quand on est passionné, quand on a ce sentiment d’appartenance à un club, la question du temps ne se pose pas. Je suis sûre que l’on vous retrouvera plus nombreux on l’espère en temps voulu.
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