Né dans le 14ème arrondissement de Paris, Ousmane Kanté a découvert le monde professionnel en rejoignant le Paris FC cet été. A 29 ans, le défenseur central s’est livré sur son parcours atypique, lui qui s’est imposé comme un titulaire en puissance.

Ousmane, peux-tu revenir sur ton parcours ?

J’ai commencé le football dès le plus jeune âge à Créteil jusqu’en U14 fédéraux. Après m’être arrêté une saison, j’ai repris à Sucy-en-Brie avec des amis où j’ai évolué jusqu’en senior DSR. J’ai rejoint ensuite Saint-Maur Lusitanos où l’on est monté dès la première année en DH. J’ai choisi après de signer à Créteil afin de jouer en réserve en DH, j’avais 24 ans. Et puis j’ai ensuite fait 6 mois à Aubervilliers en CFA avant de signer à Saint-Maur Lusitanos où l’on est monté en CFA. Après une saison où l’on jouait l’accession en National, j’ai rejoint l’AS Béziers puis le Paris FC cet été.

A côté de ton parcours de footballeur, tu as aussi travaillé comme agent d’accueil à la Sécurité Sociale de Champigny-sur-Marne. Peux-tu nous en parler ?

Effectivement, j’ai dû travailler puisque les salaires ne sont pas extraordinaires lorsque l’on évolue dans les petites divisions. J’ai donc eu la chance de pouvoir bosser à la Sécurité Sociale tout en continuant à m’entraîner le soir. J’ai travaillé pendant 6 ans là-bas et j’ai dû arrêter lorsque j’ai signé à Béziers en 2017. Je sais d’où je viens et je n’oublierai pas ce passage. Aujourd’hui, c’est quand même plus sympa de se lever pour faire sa passion.

Tu as découvert sur le tard le monde professionnel. Avais-tu fait une croix dessus à un moment donné ?

Je me suis toujours dit que je pouvais y arriver. Après, c’est sûr que plus les années passaient, moins j’avais de chance de pouvoir y arriver. Et à partir du moment où j’ai commencé à recevoir des propositions suite à ma bonne saison en CFA avec Saint-Maur Lusitanos, je me suis dit que c’était encore possible ! Mais pour y arriver, il a fallu que je fasse des sacrifices en partant à Béziers.

Un pari risqué mais qui a porté ses fruits…

Oui ! Il fallait que je prenne ce risque pour pouvoir accéder au monde professionnel. Après une bonne saison en CFA, je devais confirmer en National. Ce fut le cas avec Béziers où l’on a décroché une montée en National en terminant à la deuxième place.

Tu avais effectué quelques entraînements avec le groupe professionnel de Créteil alors que tu étais capitaine de la réserve. Est-ce que cela t’a donné de la force pour ne pas abandonner ?

Tout à fait. Cela m’a permis de me comparer aux autres joueurs et je ne me sentais pas inférieur, donc je me disais que j’avais la possibilité d’y aller. Il fallait que je trouve l’opportunité, ce n’était pas une question de niveau.

Comment as-tu réagi quand tu as appris l’intérêt du Paris FC ?

J’étais très heureux ! C’était une possibilité de revenir à Paris après un an loin de ma famille puisque j’étais parti seul à Béziers. Après, c’était un choix difficile car on sortait d’une grosse saison et ce n’est jamais évident de quitter une équipe avec qui tu es monté. J’ai pris de nouveau un risque et pour le moment cela se passe bien !

Toi qui es né à Paris, jouer pour Paris est-ce quelque chose de particulier ?

Lorsque l’on grandit en Île-de-France et que l’on suit le football, le Paris FC est un club reconnu. C’est donc une fierté personnelle de jouer au Paris FC. Je constate aussi que le club grandit et j’ai totalement conscience de l’importance du centre de formation. C’est ce qui manquait d’ailleurs en Île-de-France où il y a d’excellents joueurs. Cela va aussi permettre de pérenniser le club au plus haut niveau. La bonne santé d’un club ne dépend pas que de l’équipe première, le club a aussi besoin d’avoir de bonnes équipes de jeunes.

Tu t’es rapidement imposé au sein de cette défense centrale. Comment as-tu vécu la transition entre le monde amateur et professionnel ?

Il a fallu s’adapter à une nouvelle équipe et un nouveau club, prendre le rythme des matchs qui est plus intense, et montrer une extrême concentration. J’ai mis toutes les chances de mon côté pour réussir et j’étais mentalement prêt pour ce défi.

Comment vois-tu la suite de ta carrière ?

Je suis très concentré sur le présent mais j’aime aussi me mettre des objectifs. Comme je suis d’origine guinéenne, ce serait une fierté d’être sélectionné, et cela passe par des bonnes performances en Ligue 2. Il reste ensuite des échelons à gravir et je souhaite aller le plus haut possible avec le club. Il y a des exemples qui montrent que l’âge importe peu ! Hervé Lybohy a découvert la Ligue 1 cette saison à 35 ans. N’ayant pas connu de centre de formation, j’estime avoir une fraîcheur et une grosse envie. Je me dis que rien n’est impossible.

Comment abordez-vous le match face au Havre AC vendredi à Charléty ?

On a une grosse envie de rebondir après les défaites face à Croix et Lorient. On est invaincu à domicile et on a envie de le rester. On veut repartir de l’avant, je le sens vraiment ! On souhaite faire un bon match et le gagner. Vendredi dernier on a connu une grosse désillusion à Croix, on veut se reprendre et montrer un tout autre visage.