Un an après sa prise de fonction en tant que Président de l’Association du Paris FC, et quelques jours avant les vacances d’été, Patrick Gobert a dressé un bilan objectif sur cette première année. Interview.
“Je dirais que c’est un bilan contrasté. Les intervenants ne sont pas les mêmes dans le monde associatif que dans le monde professionnel. J’avais quitté le monde associatif au siècle dernier… aujourd’hui, le monde a changé. Le football crée chez les gens des comportements irrationnels. C’est donc un très gros chantier. Surtout au Paris FC, au vu du nombre de licenciés et d’équipes.
On a commencé la saison avec tellement de changements, avec notamment un nouveau responsable de l’école de football et de la préformation, des nouveaux éducateurs… Du coup, avec tout cela plus les difficultés des U17 Nationaux et la réserve en National 3, on a vite été mis sous pression. En plus, on a accumulé les problèmes avec certaines familles, notamment chez les petits. En U12, des familles ont fait une grève de l’entraînement, ce qui nous a poussé à faire de nombreuses réunions. On a dû faire un gros travail de communication et d’information auprès des joueurs et des parents.
Le dernier problème en date a été la conséquence de la suppression des équipes C. Nous avons informé les familles un peu tardivement à cause des ponts du mois de mai. Cela a provoqué de nombreux comportements inadmissibles… Des menaces par exemple. (Mais aujourd’hui toutes les familles concernées ont retrouvé un club pour leurs enfants et cette période difficile est oubliée…)
Compliqué donc de faire un bilan sur une année où nous étions en retard dès le lancement de l’association.
J’ai passé mon temps à éteindre des incendies plutôt que d’allumer des feux de joie…
“Orly, un outil exceptionnel”
“Après réflexions, on s’aperçoit que tout ne dépend pas de nous. Cela peut dépendre également de l’outil de travail. A Déjérine par exemple, nous avons eu des difficultés parce que les infrastructures ne sont pas adéquates. A Orly, nous allons pouvoir bonifier le travail grâce à un outil exceptionnel. Quand nous expliquons aux parents des enfants qui s’entraînent à Déjerine que seulement 19 enfants sont tolérés par les consignes de sécurité dans un vestiaire, et qu’ils sont, le plus souvent, plus de 30… ça ne les fait pas sourciller. Eux, ce qui les intéresse c’est que leur enfant puisse jouer au Paris FC. Dans n’importe quelle condition. Mais nous ne pouvons pas. Alors, nous avons pris la décision de supprimer des équipes pour avoir un meilleur confort de travail. On ressert l’élite aussi, c’est notre rôle tout en gardant la volonté sociale d’un club de quartier. La difficulté, elle est là pour le Paris FC. Faire cohabiter une équipe professionnelle et des objectifs de rentabilité ou tout du moins d’équilibre avec une association et son rôle social et éducatif.
J’ai recemment participé à une réunion avec tous les présidents d’associations de clubs professionnel de Ligue 1 et Ligue 2. Et je me suis rendu compte que tous les clubs avaient des problèmes avec les familles, comme au Paris FC. Saut qu’eux ont 300 licenciés. Nous, nous en avons plus de 1000. Mais, la vraie différence, c’est que je m’entends très bien avec la section professionnelle, avec le président Pierre Ferracci. Il y a certains clubs où c’est clairement la guerre entre l’association et la section pro. Chez nous, tout se passe bien. C’est lui qui m’a proposé pour la présidence de l’association. Nous sommes dans le même bateau. Et cette entente est très importante. Au Paris FC, on peut travailler dans un bon esprit. Mais nous ne pouvons plus travailler avec les mêmes problèmes que la saison dernière. Nous allons donc baisser le nombre de licenciés”.
Les points positifs
Je retiens toujours ce qui a fonctionné. Nous avons de très bons résultats chez nos petits. Nous sommes, une nouvelle fois, allés en finale de la Danone Nations Cup. Chez les petits, il n’y a pas de classement ou de championnats. Il faut que ces jeunes en profitent.
L’image du Paris FC s’est améliorée. Ça reste le club à battre bien sûr. Je l’ai vu sur un match U15 en banlieue. Tu te fais insulter… Il y a la pression des supporters adverses. Je salue d’ailleurs les jeunes arbitres qui sont très souvent sous pression.
Déjérine s’est pacifié. Il y a encore du travail. Les gens doivent comprendre notre projet, notre stratégie.
La sélection de 3 ex du Paris FC en U16 en équipe de France
Voilà, ce qui est rassurant. Grâce au centre de formation, du travail de fond des éducateurs, nous allons pouvoir garder de nombreux jeunes. L’essence même d’un club, c’est bien le centre de formation et faire jouer ses jeunes au haut niveau…
Perspectives
Nous voulons accompagner les familles. Les réunions précédentes ont eu pour but d’informer notamment sur le nouveau Centre de formation, présenter le nouveau responsable. L’idée de la prochaine réunion serait une sorte de porte ouverte du nouveau Centre de formation d’Orly. Profiter de ce genre de moment pour organiser un débat et que l’on puisse apporter des réponses aux familles : « Comment un enfant doit se nourrir » « Comment doivent-ils dormir », les sensibiliser sur la psychologie d’un pré-ado, les sensibiliser sur la cigarette, la drogue… « C’est quoi le meilleur âge pour avoir un agent », donner des conseils pour éviter de se faire avoir par des agents véreux… Respecter les arbitres. Et aussi faire intervenir des responsables techniques de la fédération notamment sur les chiffres du très gros déchet en centre de formation. Il y a très peu d’élus.
Ce pourrait être une réflexion commune.
Le centre de formation
C’est génial. C’est le prolongement de l’Academy. On a eu de très bons résultats au bac. Nous avons sorti peu de joueurs mais on a sorti beaucoup de bacheliers. Et c’est une première satisfaction.
On peut d’ailleurs remercier Pierre Dréossi avec tous ses contacts, son expérience, son réseau. Il nous a permis, pour mener à bien le projet, d’avoir un consultant incroyable en la personne de Jean-François Creachcadec que j’ai trouvé remarquable. J’ai beaucoup appris à ses côtés. Et puis, Christine Janodet, la maire d’Orly, qui est un personnage, une femme remarquable. Tu sens tout de suite avec son équipe l’envie de nous aider, de bien faire. « Toutes les planètes sont alignées pour que le Paris FC s’installe à Orly » avait-elle dit. Quel bonheur… car nous avons quand même piétiné pendant un moment.
Finalement, le centre de formation, c’est un peu LE transfert de l’année.
Partenariat CA PARIS
C’est la deuxième année avec le CA Paris. Le président sortant Thierry Defait et Magali Munos la nouvelle présidente, sont des gens passionnés de foot, qui ont une vision du monde associatif très proche de la notre. C’est très bien organisé. Il y a de la chaleur humaine.
Notre but est d’avoir des clubs filiales, mutualiser nos moyens, des échanges de bons procédés et de partager le savoir entre éducateurs. Nous aimerions dupliquer ce partenariat avec un club dans chaque département de l’Île-de-France. Nous avons listé une vingtaine de clubs. Nous allons pouvoir nous remettre à travailler là-dessus.
Vinci Cup
Cela montre que nous pouvons organiser un grand tournoi. Celui-ci va très bien avec notre philosophie de formation des jeunes. C’est aussi le tournoi de notre parrain donc tout à fait normal que nous soyons au cœur de l’organisation. Le plateau de cette année est plus beau que celui de l’édition précédente. Ce tournoi développe clairement son aura…
Déjérine
Nous récupérons un peu d’argent de la mairie de Paris pour commencer de nombreux travaux pour le Stade Déjérine. Des douches, des vestiaires, la réfection de certaines zones des synthétiques… Courant 2019.