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Stéphane Gilli : "Prendre le temps de s'attarder sur les détails"

Stéphane Gilli : « Prendre le temps de s’attarder sur les détails »

Au Paris FC depuis l’été 2018, Stéphane Gilli continue d’exercer en tant qu’entraîneur adjoint de René Girard pour l’équipe professionnelle. En parallèle, Stéphane a travaillé durant toute la saison 2019-2020 sur un projet qui devrait lui permettre de valider son DESJEPS. Un projet porté sur l’individualisation de la performance qu’il nous a présenté.

Quel est le thème de ton projet ?

C’est l’individualisation de la performance au Paris FC.

Peux-tu nous en expliquer les grandes lignes ?

Avec la direction du Paris FC, nous avions fait le constat que le club n’arrivait pas à garder ses jeunes talents. Beaucoup de jeunes talents qui exercent aujourd’hui dans de grands clubs, je pense notamment à Hannibal Mejbri qui joue actuellement avec les U23 de Manchester United, ont évolué sous les couleurs du Paris FC. Premièrement, nous ne pouvions rien faire contractuellement parlant puisqu’il n’y avait pas de centre de formation à l’époque. Avec l’agrément du centre de formation en 2018, nous avons remarqué que le club disposait de bons joueurs avec des qualités mais aussi pas mal de lacunes. Ils n’avaient pas forcément suivi un cursus classique d’un centre de formation. C’est pour ces raisons que l’idée du travail individuel a émergé. Dans tous les clubs où je suis passé, il y avait des entraînement dits « spécifiques ». Par exemple « spécifique attaquant », mais chaque attaquant n’a pas les mêmes besoins que l’autre. Voilà pourquoi j’ai voulu avancé ce projet de l’individualisation de la performance.

Comment se décompose le projet pour chaque joueur ?

Comme je le disais auparavant, un travail individuel sur les lacunes du joueur. Pour un attaquant, cela peut être le travail dos au but, la précision de frappe, son placement… Donc en plus du terrain et on y a ajouté quelques autres touches novatrices comme le travail cognitif. On travaille aussi l’analyse vidéo. Nous filmions les matchs de chaque jeune et nous faisions un retour lors des séances individualisées. Pour finir, et grâce à l’appui de l’UNFP, nous avons pu proposer des modules « passeport pro ». Les joueurs ont bénéficié d’interventions de professionnels liés à l’UNFP pour notamment aborder les aspects financiers, diététiques ou comportementales du sportif.

Comment avez-vous sélectionné les joueurs participant à ce projet ?

Ce fut un travail de longue haleine. Nous nous sommes réunis avec la direction du club, les éducateurs du centre de formation, mon équipe et moi pour décider qui participera au projet. Certains cas ont causé pas mal de discussions. La priorité était donnée aux nouveaux pros, aux joueurs de National 3 et U19 Nationaux. Les joueurs sélectionnés étaient ceux ayant le plus gros potentiel. Nous nous sommes mis d’accord sur 14 noms grâce aux critères physiques, techniques, tactiques et mentales. Les joueurs savaient que la liste pouvait être évolutive. « Ce n’est pas parce que vous êtes là aujourd’hui que vous serez là demain ».

« Le but est d’être avant tout un formateur »

Comment s’articule le travail autour du projet ?

Après la présentation du projet des différents modules proposés, il était important de mettre le joueur face à ses difficultés. Nous avons donc interrogé chaque joueur sur ses qualités et ses défauts. Histoire de ne pas être en total désaccord avec le joueur. Il aurait été difficile de travailler la touche de balle si le garçon en question pensait avoir une bonne touche de balle par exemple… Et ensuite chaque mercredi, les jeunes étaient réunis dans le vestiaire des pros et s’entraînaient sur le terrain des pros. L’occasion pour eux de mesurer la chance qu’ils ont de travailler dans de telles conditions. Petit à petit, il était important de faire des points de parcours, voir les progrès ou non du joueur. Nous échangions beaucoup avec le coach de chacun notamment sur les matchs du week-end etc…

Quelles sont les différences entre travailler avec des joueurs professionnels et travailler individuellement avec des jeunes – probables – futurs professionnels ?

Déjà, il y a le côté individuel. Prendre le temps de travailler avec un garçon qui a des qualités mais aussi des défauts et de voir sa progression, c’est une fierté. Avec ces jeunes, le mercredi, la compétition ne compte pas. Le but c’est d’être un formateur, apprendre les bonnes choses, les bons comportements à avoir sur et en dehors du terrain. Lorsque l’on est avec une équipe toute la semaine, on n’a pas forcément le temps de s’attarder sur certains détails, le but est d’être performant le week-end. Par exemple avec le jeune Patrick Koffi, qui a été l’un des premiers à participer aux séances, le fruit du travail c’est de le voir sélectionné pour la première fois avec les pros en 2020. Toutes ces séances individuelles leur serviront dans leur carrière. Avoir eu le temps de travailler quelques détails, ça pourra sûrement faire la différence.
Je souhaite d’ailleurs vivement remercier Pierre Ferracci qui m’a donné la possibilité de développer ce projet au sein du club. Je remercie également toutes les personnes ayant travaillé de près ou de loin à la réussite de ce projet.